Les minorités ethniques en Fédération de Russie après 2022, avec Mira Seales et Kélian Sanz Pascual

La publication scientifique de Mira Seales, chercheuse indépendante, et de Kélian Sanz Pascual, responsable des affaires russes chez Cassini, analyse la situation des minorités ethniques en Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022. Les auteurs montrent que ce tournant géopolitique a profondément bouleversé les équilibres internes du pays et renforcé la pression sur plusieurs régions à forte diversité ethnique.
Pressions et répression accrue
L’étude montre une mobilisation militaire et sociale différenciée selon les territoires, accompagnée d’un durcissement des politiques culturelles et linguistiques. Les minorités subissent une surveillance renforcée, des restrictions sur leurs expressions culturelles et la répression de leurs associations. Les communautés musulmanes et les migrants d’Asie centrale sont particulièrement ciblés, illustrant une convergence entre violence d’État et exclusion sociale.
Malgré ces contraintes, de nouvelles formes de mobilisation locale et diasporique émergent. Ces acteurs utilisent les réseaux numériques et les réseaux transnationaux pour défendre les identités culturelles, promouvoir les droits fondamentaux et contester la politique centralisatrice du Kremlin. Des mouvements décoloniaux et intersectionnels se développent, interconnectant revendications pour la préservation culturelle, la justice environnementale, l’égalité de genre et la souveraineté régionale, du Bashkortostan à la Bouriatie.
Enjeux pour l’Europe et le cadre juridique
Pour les États européens, s’engager auprès de ces minorités constitue à la fois un impératif humanitaire et une opportunité stratégique pour soutenir des alternatives post-impériales et anti-autoritaires. Une telle approche doit prendre en compte les hiérarchies internes au sein des diasporas russophones et les exclusions intersectionnelles auxquelles font face les minorités non-russes. Le cadre juridique européen constitue ainsi un outil essentiel pour analyser la protection des minorités et les implications géopolitiques de ces évolutions.
L’étude souligne que cette marginalisation croissante des minorités fragilise la cohésion interne de la Russie et pourrait, à moyen terme, alimenter des revendications autonomistes. Elle met en lumière le rôle stratégique des minorités ethniques, longtemps reléguées à la marge du débat politique, devenant aujourd’hui un facteur clé de stabilité ou de fragilité pour une Russie en guerre.
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