Les minorités du Kurdistan d’Irak avec Paul Cavaillé

Doctorant à l’IFG, Paul Cavaillé a présenté, lors du 25ᵉ Festival international de géographie, une conférence consacrée à son sujet de thèse : les minorités dans les territoires disputés du Kurdistan irakien.
Née dans les années 1990 à la suite de la répression du mouvement nationaliste kurde par Saddam Hussein, la Région autonome du Kurdistan d’Irak est officiellement reconnue par la Constitution irakienne de 2005. Cette reconnaissance a permis la création de ses propres institutions politiques et militaires, mais aussi la consolidation de deux partis rivaux : le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) au nord, et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) au sud. Cette rivalité alimente les tensions autour des territoires disputés, zones riches en pétrole et caractérisées par une mosaïque ethno-religieuse où cohabitent Yézidis, Turkmènes, Chrétiens assyro-chaldéens et Shabaks. Selon le chercheur, ces minorités sont les premières victimes des luttes d’influence pour le contrôle du pouvoir et des ressources.
En 2014, l’offensive de l’État islamique (EI) provoque le retrait précipité des Peshmergas, les forces armées kurdes, laissant les populations locales sans défense face aux massacres. Malgré la défaite de l’EI en 2017 et la reprise des territoires, la situation demeure instable : la région de Sinjar reste marginalisée, tandis que la présence d’acteurs extérieurs, notamment l’Iran et la Turquie, hostiles au mouvement kurde, aggrave la fragmentation sécuritaire.
Le référendum d’indépendance kurde de 2017, organisé sans l’accord de Bagdad, a été rejeté par le gouvernement irakien et la communauté internationale, craignant une nouvelle déstabilisation régionale.
Aujourd’hui, les minorités déplacées ou en exil subissent les conséquences d’un changement démographique irréversible, fruit des rivalités politiques internes et des ingérences étrangères.



