Algérie : “Tebboune est le profil-type du responsable que souhaite promouvoir l’armée”, par Ali Bensaâd

Dans un entretien accordé à Marianne, le géopolitologue Ali Bensaâd, professeur émérite à l’IFG (Paris VIII), revient sur les tensions persistantes entre la France et l’Algérie. Selon lui, ces crispations ne relèvent pas seulement de l’histoire coloniale, mais s’inscrivent aujourd’hui dans une stratégie délibérée du régime algérien.
Bensaâd explique que le pouvoir en place utilise l’hostilité envers la France comme un outil politique. Ce discours anti-français permettrait de détourner l’attention des revendications démocratiques du Hirak, le mouvement populaire né en 2019. Le régime alimente ainsi un narratif fondé sur une double menace : l’ennemi intérieur, incarné par les militants et les revendications identitaires, et l’ennemi extérieur, représenté par la France.
Cette posture permettrait de justifier la répression et d’enfermer symboliquement la population en rompant avec l’ouverture au monde, dont la France reste la principale passerelle pour de nombreux Algériens. Le président Abdelmadjid Tebboune, selon Bensaâd, incarne parfaitement le profil de dirigeant souhaité par l’armée : un fonctionnaire sans relief, dont la loyauté prime sur le charisme ou la vision politique.
Cet échange met en lumière les mécanismes d’autoritarisme contemporain en Algérie et la manière dont la mémoire coloniale est encore aujourd’hui un terrain de manœuvre politique.



