Réexaminer la résurgence de l’extrême droite en Europe après 1945
La fin de la Seconde Guerre mondiale a marqué la victoire des Alliés sur les régimes fascistes en Europe, mais cette victoire n’a pas sonné le glas de l’extrême droite. Si l’histoire officielle met en avant l’éradication du fascisme après 1945, une réalité plus nuancée se dessine dans les premières années de la guerre froide. Le projet de recherche NEXT RIGHT, développé dans le cadre d’une Marie Curie European Fellowship, se penche sur cette période méconnue, en s’intéressant à la manière dont l’Europe occidentale a réagi à la résurgence des idées d’extrême droite au lendemain du conflit mondial.
Mené au sein du CERA, rattaché à l’IFG LAB, ce projet explore l’influence persistante du fascisme et les défis qu’il a posés aux démocraties émergentes de l’après-guerre. Il examine spécifiquement quatre pays clés – l’Italie, la France, l’Angleterre et la Suisse – où la menace fasciste a pris des formes diverses, tout en confrontant ces régimes démocratiques à des dilemmes pressants. Comment répondre à la réémergence d’idéologies extrémistes tout en respectant les fondements démocratiques, notamment la liberté d’expression ? Ce paradoxe est au cœur des questions soulevées par NEXT RIGHT.
Loin de s’inscrire uniquement dans un cadre historique, ce projet s’adresse aussi à nos préoccupations contemporaines. À une époque où l’extrême droite connaît un renouveau dans plusieurs démocraties occidentales, il devient essentiel de tirer des leçons du passé. En se basant sur une analyse approfondie de documents d’archives et de la presse de l’époque, qu’elle soit démocratique ou alignée sur les idéaux fascistes, cette recherche ambitionne de mettre en lumière des réponses historiques à des problématiques toujours d’actualité. Elle propose ainsi de revisiter les stratégies mises en place pour contrecarrer la montée des mouvements extrémistes.
Sous la direction de l’historienne Marie-Anne Matard-Bonucci, spécialiste reconnue des régimes totalitaires, cette étude éclaire les tensions complexes entre répression et tolérance, entre défense des institutions démocratiques et gestion des forces hostiles à celles-ci. Dans une Europe fragilisée par la guerre froide, les démocraties se sont souvent retrouvées face à des choix difficiles, oscillant entre la nécessité de préserver l’ordre public et la tentation de mesures liberticides. NEXT RIGHT ambitionne d’offrir une nouvelle lecture de cette période, en dévoilant comment l’héritage du fascisme a continué à marquer l’Europe bien après 1945.
Le projet a vu le jour en juin 2024 pour une durée de deux ans, période durant laquelle il analysera la manière dont les gouvernements et les sociétés ont navigué dans ce climat politique tendu, tout en scrutant les résonances contemporaines de ce passé oublié.