Ingérences du privé dans le secteur de la défense : le cas de l’IA, avec Julien Nocetti

Julien Nocetti, chercheur associé GEODE et IFRI, analyse dans le podcast Propagations la militarisation de l’intelligence artificielle et la montée en puissance des entreprises technologiques privées comme acteurs géopolitiques majeurs.

Selon lui, l’IA n’est pas une arme autonome, mais une technologie duale : civile et militaire à la fois. Elle transforme en profondeur la manière de faire la guerre, en améliorant le renseignement, la logistique, la cartographie et la détection de cibles. Les conflits en Ukraine et à Gaza sont devenus de véritables laboratoires d’expérimentation pour ces nouveaux usages militaires de l’IA.

Les géants du numérique, nouveaux acteurs de la puissance militaire

Ces innovations proviennent des grands groupes américains (Google, Microsoft), ainsi que de pure players de la guerre algorithmique comme Palantir, Anduril ou Clearview AI. Palantir est particulièrement soutenue par le lobbying américain et vise à renforcer son influence auprès de l’OTAN et des pays européens.

Ce phénomène illustre la collusion croissante entre les Big Tech et les États, donnant naissance à un complexe techno-industriel du XXIᵉ siècle, où les entreprises privées agissent parfois plus vite et plus fort que les diplomaties traditionnelles.

L’Europe à la recherche d’une souveraineté numérique

Face à cette dynamique, l’Europe reste dépendante des technologies extra-européennes et peine à construire une autonomie stratégique dans le domaine de l’IA militaire. Cette dépendance la rend vulnérable aux influences étrangères, qu’elles viennent des États-Unis, de la Chine ou de la Russie.
Ainsi, Julien Nocetti alerte sur la nécessité de développer une souveraineté numérique européenne capable de garantir la sécurité et la résilience face aux nouvelles formes de guerre.

Renforcer les défenses informationnelles

Malgré ces menaces, le chercheur se veut prudent : les sociétés démocratiques développent peu à peu leurs « défenses immunitaires informationnelles ». Éducation aux médias, vigilance institutionnelle et coordination entre acteurs publics et privés sont autant de leviers pour renforcer la résilience collective face à la désinformation.

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