“Ensemble ou séparés : les enjeux de la concentration spatiale des immigrants
Présentation :
Ce colloque a pour thème les enjeux de la concentration spatiale des immigrants dans trois pays : France, Grande-Bretagne, Etats-Unis. Il a pour but de faire le point sur l’état de la recherche dans les trois pays et d’initier de nouvelles pistes de recherche à dimension comparative.
Notre postulat de départ est que la concentration spatiale des immigrants, due à l’immigration et la forte mobilité de la population au sein de ces trois démocraties, a un impact sur l’incorporation socio-économique et politique des immigrants et peut engendrer des conséquences politiques majeurs. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne connaissent depuis quelques années des tensions et débats sur la question de l’immigration et de l’identité nationale.
Nous nous intéresserons donc aux processus qui dans les trois pays conduisent à la concentration spatiale des immigrants et à leurs caractéristiques. Ces caractéristiques à leur tour affectent les représentations des populations qui vivent dans les quartiers de forte concentration à l’égard de leur propre identité mais aussi de la société voire de la nation, ainsi que les représentations des populations qui vivent à l’extérieur de ces quartiers à l’égard de ces populations.
Nous nous interrogerons sur les liens entre concentration spatiale et comportements sociaux, notamment en termes d’éducation, d’emploi, de pratiques linguistiques et de violence et tensions inter-ethniques. Nous verrons dans quelle mesure la concentration peut ètre un frein ou au contraire une condition nécessaire à la représentation politique, en fonction des systèmes politiques. Et nous nous pencherons enfin sur la dimension économique de cette question.
Le champ des études comparatives sur les questions de ségrégation et d’inégalités urbaines est très peu développé en raison des problèmes conceptuels et des défis méthodologiques qu’il pose. Elle suscite cependant le plus grand intérèt auprès de chercheurs mais aussi d’acteurs politiques confrontés à des situations extrèmement complexes et sensibles, particulièrement au cœur de la Seine Saint-Denis. Les trois pays que nous avons choisis sont suffisamment proches pour permettre la comparaison et pour que l’on puisse apprendre de leurs différences. Elle permet de nourrir la réflexion d’expériences diverses tout en évitant l’amalgame et la simplification qui régissent souvent les discours médiatiques ou politiques à propos de “modèles” inéluctables ou repoussoirs qui nous viendrait des Etats-Unis.
Ce colloque s’inscrit dans un projet plus vaste de création d’un réseau international pluridisciplinaire de chercheurs travaillant ensemble de façon qualitative et quantitative. Nous avons déjà tenu trois séminaires cette année (Washington en avril, Saint-Denis en juin et Berkeley en juillet) afin de discuter des défis méthodologiques de ce projet et d’élaborer un protocole de recherche qui servira de base à une demande de financement. Nous présenterons, en introduction du colloque, les résultats préliminaires des travaux discutés dans les sessions de travail précédentes que nous aurons pu mener d’ici là.
Enfin, ce colloque se tiendra à l’occasion des festivités des 40 ans de l’Université Paris 8.
Organisateurs
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Frédérick Douzet, Maître de conférences, Université of Paris 8
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Bruce E. Cain, Professeur, UC Berkeley directeur du UC Washington Center
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Raphael J. Sonenshein, Professeur, California State University Fullerton and Tocqueville-Fulbright Chair
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Sean F. Reardon, Maître de conférences, Stanford University
Programme
Jeudi 15 janvie
8h30 : Accueil des participants
9h00 : Ouverture
9h30h-11h30 : Panel 1 : Dynamiques de la concentration spatiale des immigrants : causes et caractéristiques
Nous passerons en revue les facteurs tels que les politiques du logement, les lois d’immigration, les choix résidentiels et les considérations économiques qui influencent les caractéristiques spatiales de l’implantation des immigrants dans les trois pays. Les panélistes effectueront un état des lieux dans les trois pays et discuteront des différences et des similitudes entre les groupes et les pays et leur évolution dans le temps.
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Président : Lorenzo Morris, Howard University, Chaire Tocqueville-Fulbright
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Intervenants : Frédérick Douzet, Université Paris 8 ; John Hanley, UC Berkeley ; Sean Reardon, Stanford University ; John Iceland, Penn State University ; Philippe Subra , Université Paris 8 ; Pablo Mateos, University College of London
11h30-13h : Pause déjeuner
13h-15h : Panel 2 : Opinion publique et attitudes
Ce panel portera sur l’influence de la concentration spatiale sur l’opinion publique et les attitudes à l’égard ou de la part des immigrants. Est-ce que la concentration spatiale affecte la façon dont les immigrants se perçoivent et perçoivent les autres, leur gouvernement, leur société et leur sens d’appartenance à la nation ? Est-ce que les sociétés perçoivent les immigrants différemment lorsqu’ils sont spatialement dispersés plutôt que concentrés dans des enclaves ethniques ? Les panélistes examineront plus particulièrement l’émergence d’identités séparées et le role des médias – ethniques ou non – dans la formation de ces représentations.
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Président et discutant : Richard Gale, University of Birmingham
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Intervenants : James Gimpel, University of Maryland ; Jérémy Robine, Université Paris 8 ; Ben Bowyer, College of William and Mary, Williamsburg
15h-15h30 : Pause
15h30-17h30 : Panel 3 : Jeunesse et violence
La concentration spatiale encourage-t-elle la violence et les tensions inter-ethniques ? Affecte-t-elle les performances scolaires ? Existe-t-il des différences entre groupes d’immigrants, niveaux socio-économiques ou selon le genre des individus ? Les panélistes chercheront également à déterminer si ces conséquences renforcent la concentration spatiale, dans la mesure où de plus fort taux de délinquance, de tensions sociales et d’échec scolaire sont susceptibles d’influencer les choix résidentiels.
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Président et discutant : Sean F. Reardon, Stanford University
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Intervenants : Michael Jones-Correa, Cornell University ; Hugues Lagranges, Sciences-Po Paris ; Therese O’Toole, University of Bristol
Vendredi 16 janvie
9h-11h : Panel 4 : Représentation politique
La concentration spatiale est souvent perçue comme un frein à l’incorporation politique des immigrants. Mais les élections basées sur des circonscriptions semblent avantager les immigrants concentrés spatialement et accroître ainsi leur représentation politique. Quel est l’impact de ces dynamiques apparemment contradictoires ? Quel sont les conséquences sur l’élaboration de coalitions entre des groupes immigrants et des groupes majoritaires ?
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Président et discutant : Raphael Sonenshein, CSU Fullerton, Tocqueville-Fulbright Chair
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Intervenants : Romain Garbaye, Université Paris IV ; Thad Kousser, UC San Diego; Laure Michon, Université d’Amsterdam
11h-11h30 : Pause
11h30-13h : Table Ronde : Perspectives comparatives sur l’immigration, The Big Picture
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Avec Jennifer Hochschild, Professeur à Harvard et Malek Boutih, Secrétaire national du Parti Socialiste
13h-14h : Pause déjeuner
14h- 16h : Panel 5 : Concentration et dynamiques économiques
La concentration favorise-t-elle ou ralentit-elle la réussite économique des immigrants ? Les communautés immigrantes offrent-elles des réseaux de soutien et des services qui aident les immigrants à s’installer ? La concentration les coupe-t-elle d’interactions favorables avec le reste de la communauté économique (clients, investisseurs, marchés publics..) ? La création de marchés séparés favorise-t-elle ou non leur assimilation spatiale et économique ? Les politiques d’aménagement et de logement sont-elles pensées en fonction des besoin des immigrants ? Les pratiques dans le marché du logement renforcent-elles la concentration ?
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Président et discutant : Bruce Cain, UC Berkeley
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Intervenants : Roland Rathelot, ENSAE ; Monder Ram, De Montfort University ; Stephanie Bohon, University of Tennessee
16h-16h30 : Pause
16h30-18h00 : Session de travail : Mesures de la concentration et de l’incorporation des immigrants
Session de travail fermée au public pour les participants au projet.